Certes, les personnages et le scénario sont fictifs, et les éléments fantastiques loin d’être absents. De plus, l’univers est violent, cru, sale et d’une profonde noirceur (le jeu est classé PEGI dix-huit, et ce n'est pas pour rien). Il n’empêche : la reconstitution de l’époque est une des plus réussie à ce jour dans un jeu vidéo. C’est en l’an 1348 que débute le parcours chaotique de nos deux héros, Amicia et son jeune frère Hugo (âgés respectivement de 15 et 5 ans). Le conflit, qui en est à sa première phase, voit les anglais enchainer les victoires tandis que la dynastie française des valois semble prête à s’effondrer.

 

 

Si l'histoire nous est racontée à travers les regards de deux enfants, elle est pourtant conçut pour prendre aux tripes les adultes. Nos deux héros, issus d'une noble famille, ont été jusqu'au début de leur périple plutôt épargnés par la vie. De plus, Hugo, atteint d'une étrange maladie, n'a eu presque aucun contact avec sa soeur ni avec le monde extérieur, surprotégé qu'il était par sa mère qui le maintenait cloitré.

 

 

Mais les voici tout d'un coup jetées sur les routes, poursuivis, et obligés de prendre des décisions moralement discutable pour assurer leur survis. Amicia, et le joueur à travers elle, doit sans cesse protéger son frêre, aussi bien physiquement que contre les horreurs viscérales qui se déchainent autours d'eux. Difficile de ne pas s'émouvoir devant la confrontation poignante de l'innocence face à l'inhumanité.

 

 

Si l’action prend place en Guyenne, alors occupée par les armées d’Edouard III d’Angleterre, ce n’est pas du tout un hasard. Le studio Asobo, créateur du projet, est en effet basé à Bordeaux. Et ses membres ne cachent pas s’être inspirés de l’architecture médiévale de leur ville, ainsi que de celle des villages environnants, pour créer les décors du jeu. On ne peut que saluer l’important travail de recherche accomplis par les développeurs pour retranscrire l’ambiance urbaine médiévale, ou celle des châteaux et des champs de batailles ravagés par la guerre et l’épidémie. 

 

 

Exit ici les clichés des belles maisons à colombage : les rues sont sinueuses, les constructions ni droites ni alignées, les matériaux très simples et les traces de rafistolages partout visibles. L’atmosphère propre au moyen âge est respectée, que ce soit son hygiène précaire ou les affres de la peste, personnifiée par des hordes de rats omniprésentes. Non seulement cela participe à renforcer l'immersion dans le jeu, mais aussi l'empathie que l'on ressent pour nos protagonistes : raconter une telle histoire dans un univers propre et ordonné n'aurait pas eu grand sens...

 

 

A l'heure où la mode est aux jeux multijoueurs et aux mondes ouverts, le titre d'Asobo nous prouve qu'il est encore possible de proposer une experience en solo vraiment marquante. Qui plus est, l’aventure ne s’arrête pas là. Asobo à recement sortie une suite de son titre phare, intitulé A Plague Tale : Requiem. Une adaptation en série télévisée, avec Mathieu Turi à la réalisation, est-elle aussi en cours de préparation. Les épreuves affrontées par Amicia et Hugo sont loin d'être terminées...