Visuellement en tout cas, ce Batman : Arkham Asylum, il poutre du poney atomique (comme disent les jeunes) : très inspiré par le placement révolutionnaire de caméras de Resident Evil 4 (3ème personne, juste au dessus des épaules), pas un seul jeu de l'époque quel que soit le support ne semble aussi détaillé, aussi raffiné dans l'ambiance, aussi incroyablement proche d'un film de grand auteur à la David Fincher. Eidos, l'éditeur, a mis les gros moyens en engageant le génial scénariste Paul Dini (créateur de Harley Quinn) et le casting vocal de la série animée des 90's. 

Je me rappelle bien le jour où j'ai enfourné le DVD dans la 360. L'intro burnée où la Chauve Souris ramène le Clown à l'asile d'Arkham pour la énième fois. Le Joker qui rit et plaisante, prisonnier de son harnais, en commentant la visite de l'asile. J'ai bien dû répéter "putain" au moins une vingtaine de fois en quelques minutes devant la maestria technique et la mise en scène. Jamais de toute ma vie je n'avais vu un empilage de polygones aussi incroyablement beau à dépeindre aussi bien la rouille et la crasse et la démence d'un endroit inventé qui n'est rien d'autre que l'enfer sur terre.
Après on se dit que c'est pas possible, que quelque chose va forcément foirer dans cette oeuvre qui ne peut raisonnablement pas être à la mesure de ses ambitions. Et le jeu se dresse comme le Chevalier Noir et vous en fout encore plus plein la gueule. Un cheminement à la Metroid, un système de combat de foules somptueux basé sur le rythme et, cerise sur la Batgateau, des mécanismes d'infiltration et d'éliminations discrètes limpides comme le cristal et pointus comme une aiguille dans le gant de l'Epouvantail.

Oui monsieur le juge, j'avoue qu'avant Arkham Asylum je ne comprenais rien aux plaisirs raffinés proposés par MGS, mais Batman m'a montré la voie et je jure de dorénavant combattre le crime uniquement en silence, par derrière, abrité par les ombres.

Quelques petites scories viennent quand même un peu assombrir un tableau presque parfait : les combats de boss sont répétitifs et assez peu intéressants, et je ne parle même pas du tout dernier affrontement, les vrais fans de Batman préfèrent faire comme s'il n'était jamais arrivé... Mais ce ne sont que peccadilles devant la somme accomplie par Arkham Asylum : dorénavant, un jeu peut se permettre d'être plusieurs choses à la fois : enquête/baston/infiltration/metroidvania, sans que chaque partie ne prenne le pas sur l'autre, sans qu'aucun élément ne fragilise l'ensemble.

Arkham Asylum est un chef d'oeuvre que rien ne semble pouvoir surpasser. Arkham City sa suite directe sortira 3 ans plus tard et nous prouvera que même la perfection, ce n'est encore que le début...