« La loi, c’est moi » (Judge Dredd)
Vous êtes un agent, vous travaillez pour l’Agence. Voilà, vous connaissez le scénar, maintenant choisissez un perso (non, pas de gonzesses ici), et ne vous emmerdez pas à choisir un visage, c'est tous des grosses brutes anonymes. Prenez maintenant ce fusil d’assaut et montez dans cette voiture blindée, pied au plancher, reprendre la ville quartier par quartier. Rappelez-vous bien quand vous marcherez sur les cadavres sous une pluie de balles : ils ont choisi la voie du crime, ce ne sont plus des êtres humains.

L'Agence a des tunnels secrets qui courent sous toute la ville, on se tape un petit délire Goldorak pendant un kilomètre ou deux avec le véhicule du travail et on débarque en pleine guerre des gangs sur les docks, ça défouraille de ouf (comme disent les jeunes) et l'endroit ressemble assez vite à une décharge de voyous crevés. On sort de la bagnole et on termine les derniers nids de résistance à la main. Au passage, on se découvre de bien bonnes jambes qui nous font sprinter et sauter à des hauteurs olympiques. Crackdown, ce n'est pas seulement un clone épuré de GTA, c'est aussi l’impression de jouer avec des cheats permanents : oui Agent ! Vous êtes l'outil de lutte contre le crime le plus sophistiqué de tous les temps, synthèse entre le Punisher, Robocop et Super Mario, avec les clés de la Batmobile.

« Le crime est un poison, je suis l’antidote » (Marion Cobretti)
Galvanisé par la voix chaude et sympathique de l'opérateur de l'Agence, votre seul et unique contact humain qui vous décrit les objectifs au fur et à mesure que vous remportez la guerre, vous pouvez parcourir intégralement Pacific city dès le début, chaque recoin de la mégalopole cachant un sous-chef dont l'élimination affaiblit durablement tout le gang : tuer le patron de la salle de gym et les petites frappes sont affaiblies, éliminer le trafiquant d'armes et on vous tire soudain dessus avec des pétoires de seconde main etc...

Chacun de ces mini-boss se planque dans un environnement particulier (chantier, garage, centre de conférence, carrière, plate-forme pétrolière…) qui encourage les approches inventives. Jouez-la bourrin ou malin, assaut frontal ou sniper, ou cambrioleur, artificier… Tout est bon pour couper les têtes hideuses de la pieuvre criminelle.

En parallèle, c’est par l’action que s’aiguise le glaive vengeur de la Loi : éliminer les ordures à coups de latte ou au fusil d’assaut, ou à l’explosif ou en leur roulant dessus, faire des courses de bagnole ou du parkour, pratiquer chaque activité’améliore sensiblement celle-ci, amenant assez vite à des prouesses dignes des Marvel : les fusils tirent plus loin, les explosions sont plus pétaradantes, on se met à soulever les voitures ou botter dans les poids-lourds pour les projeter dans l'atmosphère et on roule sur la façade des buildings avec le 4X4 bionique payé par le contribuable.

Mais c’est la quête des orbes bleues d’agilité qui reste la cerise sur le gâteau : chaque pâté de maison du jeu a été développé comme un niveau de jeu de plates-formes 3D, abritant ses précieuses orbes céruléennes. On les voit partout, souvent hors de portée, on se dit qu’on y reviendra plus tard, quand on pourra sauter assez haut. On en arrive à lâcher la gâchette en pleine fusillade ou à freiner en plein milieu de la rue en entendant soudain le subtil tintement musical des précieux items. On commence à passer son temps sur les toits, parkourant la ville de plus en plus haut, d’orbe en orbe comme autant de petits cailloux menant la visite.

A la fin, on peut sauter à 20 mètres de haut et escalader absolument tous les buildings, y compris le plus grand en plein milieu de la map, le bâtiment de l'Agence. Arriver à son sommet est une aventure humaine à part entière, un mini Everest contemplatif récompensé par (spoiler) la satisfaction d'être en haut du plus gros building de la ville et un trophée si on saute et qu'on survit à la chute.


Je sais que vous êtes en train de lire tout ça par politesse, que vous vous dites en regardant les captures d'écran que pour Xbox 360, même pour l’époque c’est pas joli-joli, et que vous avez déjà ignoré le jeu en occase à 5 euros ou moins des dizaines de fois.
Pardonnez-moi d’insister : Crackdown c’est comme Tetris, il faut y jouer pour comprendre. Quelques recherches sur internet rappellent que le jeu, initialement prévu pour la première Xbox, a été développé sur 5 années par les créateurs originaux de GTA, ce qui explique bien le raffinement et le niveau de détails de Pacific City.
Jouer à Crackdown c'est tirer sur les méchants, courir sur la plage au lever du soleil, faire la course sur la rocade avec du rap mexicain à fond sur l'autoradio, tirer sur les méchants, sauter et attraper les voitures comme Hulk et tirer sur les méchants.

Ah, j'en vois deux au fond qui pensent à Crackdown 2 et 3. Vous savez, quand ils ont fait des suites au ciné à Matrix et à Men in Black ? C'est tout pareil. Préférez l'original, conseil d'ami. Et oui, je vous concède un gros défaut tout de même : c'est une exclu Microsoft - ne pleurez pas les copains, il vous reste quand même Mario et Spider-man...

Un grand homme (l'inspecteur Harry Callahan) a dit un jour "Vas-y, fais-moi plaisir". Il ne pensait pas à Crackdown mais c'est tout comme.