Les japonais de Data East ont choisi la voie de l'efficacité en achetant la licence Captain America : un beat'em all avec un scénar qui tient sur un demi ticket de bus. Le grand méchant Crâne Rouge (Donald Trump sans perruque, sauf que c'est Hitler) a inventé une machine pour contrôler les esprits des autres méchants Marvel et les lancer à l'attaque de la ville. Pas de métaphore du fascisme ou de dénonciation courageuse du lobby militaro-industriel, hein, juste le point de vue des nippons sur ce que devrait être une aventure normale de super héros. Deux ou trois écrans fixes pour bien tout expliquer aux retardataires : d'honnêtes citoyens fuyant les forces du mal, des individus louches en collants et Crâne Rouge qui vous regarde droit dans les yeux en ricanant comme un malade de Parkinson.
Et c'est parti pour choisir son Avenger favori du moment entre un roster de rêve : Cap' lui même, mâle alpha dopé comme un coureur du Tour de France. Iron Man l'homme de fer, difficile à croire que sous l'apparence d'un robot, c'est un milliardaire suave et moustachu (et alcoolique). Oeil de Faucon : archer d'élite et têtu comme un âne, son vrai pouvoir spécial est d'envoyer chi... de remettre en question l'autorité de Captain America à chaque occasion. Vision : on dirait Superman mais tout blanc et chauve, si vous ne lisez pas les comics vous n'entendrez parler du personnage que dans 30 ans sur Disney +...
On peut jouer à 4 en même temps, les personnages sont de force égale avec de petites variations dans les pouvoirs : Cap' lance son bouclier, Vision devient intangible...
On valide son perso, on entend la foule applaudir. Purée, on se sent déjà super. Un nouveau coup de la chiptune grandiose qui annonce les sauveurs du monde et on prend enfin les choses en main dans les rues envahies de robots génériques maléfiques. C'est là qu'on se dit que les sprites à l'écran ne sont quand même pas très gros.
Il faut être honnête, c'est loin d'être le plus beau jeu de l'époque face aux animations fluides des Tortues Ninja de Konami ou aux visuels grandioses du King of Dragons de Capcom.
Captain America and the Avengers : Cap ou pas Cap ?
mardi 9 mars 2021. Lien permanent Arcade
Une musique grandiose jaillit de la borne d’arcade comme un orchestre symphonique en chiptune, une voix d’homme chaude et virile comme un acteur des années 50 annonce le titre en pesant sur chaque syllabe : THEEE AVEN GEEERS.
On est en 1991, les héros Marvel sont publiés sur du papier de mauvaise qualité dans des fascicules pas chers et on se planque pour les lire au collège.
C'est difficile à expliquer pour quelqu'un qui n'en lit pas : on a commencé à les acheter pour voir des combats de surhommes, on a découvert des romans feuilleton passionnants qui tiennent sur la personnalité des héros. Spider-man est un étudiant fauché, Iron Man est solitaire et alcoolique, les X-men sont persécutés comme des monstres...
(on est un peu tombé amoureux de Mary Jane aussi, ou de Tornade ou la Sorcière Rouge, mais on préfèrerait passer sous un camion que de l'admettre)
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