Cinq petites années plus tard, les tortues font rêver les gosses du monde entier en série animée et Konami (qui a le nez fin) sort une borne d'arcade d'anthologie : impossible de la rater, sa façade prend une place folle avec ses 4 joysticks et deux bouton chacun pour des sessions jusqu'à 4 joueurs simultanés. Et il n'y a pas que la borne qui en jette, l'intro gueule un riff de guitare électrique et enchaîne sur le vrai générique chanté du dessin animé. Waouh. Juste. Waouh.

Et l'action ? Accrochez-vous pour le scénar, c'est du jamais vu à base de jolie fille enlevée par le méchant pour amener un bon gros beat-em up avec des graphismes incroyables, chamarrés et joyeux, aussi "beaux" que le dessin animé, renforcés par une animation fluide et un nombre stupéfiant de personnages à l'écran. Même si on est pas encore au courant du phénomène, impossible de passer devant cette machine sans mettre la main au portefeuille.

La partie est lancée, de sonores "cowabunga" résonnent pour chaque crédit introduit. L'ambiance est aussi fun pour les yeux que pour les oreilles, on cogne des cars entiers de ninjas violets robots maléfiques dans une ambiance musicale techno-baroque, bouillie énergisante qui convoquerait autant Jean-Michel Jarre que le petit bonhomme en mousse.

Et comme en amour plus on est de fous, plus on rit. Chacun sa tortue favorite, on se donne des conseils, on échange des tactiques, on se vole les pizzas bonus dans le grand fatras des cliquetis des commandes.
Tout cela serait presque parfait avec juste un petit chouïa de variété dans l'action mais on inaugure bientôt les années 90 alors on est encore pas trop regardant sur la qualité du game design (on ne connaît même pas le terme en fait...). Pendant encore longtemps un jeu d'arcade ce sera une partie de temps en temps et autant de plaisir à jouer qu'à assister à des prouesses techniques, mais la jouabilité dans les tortues est quand même limitée au strict minimum : cogner et sauter. Pas de dash, pas de combo, pas d'attaque spéciale et 8 longs niveaux à frapper les mêmes soldats, sans parler des boss de fin de niveau qui sont des gouffres à crédits.
On bougonne, on bougonne mais les parties de TMNT avec les potes ne peuvent que trôner au firmament des meilleurs souvenirs d'arcade d'autrefois. C'est un jeu joyeux et dingue qui met de bonne humeur rien qu'à le regarder, le premier d'une longue série rentabilisée par Konami jusqu'à l'usure tout autant en arcade que sur tous les supports électroniques du moment. Il est fort peu probable qu'un jeu vidéo basé sur Daredevil aurait pu autant inspirer toute une génération de gosses.