Fruit Ninja, appli sur smartphone et tablettes sortie en 2010. Principe : balader son doigt sur l'écran tactile pour couper en plein vol des fruits lancés (pas haut) dans l'atmosphère et éviter les bombes. 100 millions de téléchargements à son actif à ce jour quand même. Ce n'est pas seulement que le jeu est arrivé pile au bon moment alors que les ventes de smartphones explosaient, le succès s'explique surtout par la qualité de la programmation : des graphismes jolis, une animation réaliste et une ambiance sonore vraiment craquante à base "slash" et de "sploushs" bien humides.
Lancer ce jeu, c'est revenir aussi un peu à la grande époque des jeux d'arcade, facile à prendre en main mais complexe à pleinement maîtriser. On se lance une petite partie pour passer le temps, et on enchaîne sur une autre puis une autre encore. La définition même du petit jeu addictif qui vous pompera votre vie, 1 minute de partie après l'autre.
Microsoft est alors sur le point de sortir le Kinect, sa caméra magique pour la 360 et alors les licences de tout et n'importe quoi pour alimenter le buzz.Le jeu est dispo en démat à la sortie du périphérique, la belle affaire, le grand public a d'autres jeux en tête.

Bon, on ne va pas déterrer les vieilles rancoeurs, vous connaissez la réputation du Kinect, disons qu'elle est mitigée. On reprochera plus tard à Microsoft d'avoir promis la lune, on se gaussera à foison de la complexité du truc, de son imprécision et des piètres logiciels qui lui seront dédiés.
Fruit Ninja Kinect est à ce titre une exception curieuse, quasiment le seul jeu de la ludothèque à respecter les promesses de Bill Gates : on arrive devant la caméra, on bouge, le jeu reconnaît parfaitement les mouvements et on s'amuse. Non non, je ne déconne pas. On s'amuse. Vraiment.

En fait, on a pas du tout l'impression de refaire le jeu sur tablette. L'échelle n'est plus la même, on ne joue plus avec un seul doigt pour simuler le katana coupeur de fruits mais c'est carrément tout le corps qui s'affiche en ombre chinoise à l'écran. Un coup avec la main gauche, un coup avec la main droite, on peut même utiliser les coudes et les pieds (si on est jeune et agile).
Ces bananes et ces pommes et ces kiwis infernaux envahissent l'écran et on les tranche en quelques gestes amples comme un maître en arts martiaux. On se surprend à prendre instinctivement l'attitude de la mante religieuse et puis soudain, on a envie de tout plaquer et d'apprendre le kung fu auprès d'un vieux type en Asie. Encore quelques passes, quelques combos et le timer arrive presque à zéro, arrive alors la grenade, le dernier fruit, celui qui prend les coups : quelques petites secondes pour trancher en plus petits morceaux possibles.
Un truc se déclenche dans la tête, on a des flashbacks de Ken le Survivant, les muscles des bras se tendent comme des câbles en acier et les mains deviennent floues. On se mord la lèvre inférieure pour ne pas crier "yatatatatatata" devant tout le monde. Le compteur de combo s'arrête, le score est calculé. On se sent bien bête de ne pas avoir été plus rapide, on sait qu'on fera un bien meilleur score à la prochaine partie.
50% du jeu, c'est le hasard, on le sait. Les bonus, les distributions, tout cela est totalement aléatoire mais c'est plus fort que soi, comme un bandit manchot, on sait instinctivement que la prochaine partie sera meilleure parce qu'on s'améliore sans cesse et qu'on avait pas vu cette pu7@!n de bombe.
Le copain derrière prend le relais, tout le monde rigole (la bière coule à flot). On se marre et Microsoft a réussi son coup.

Si la raison d'être d'un jeu vidéo est de divertir, alors Fruit Ninja Kinect est une authentique réussite. On peut y jouer en famille avec mémé (qui étonnera tout le monde) et le petit cousin (qui refusera de partir avant d'avoir le high score) ou avec les potes bien bourrés, ou en convention contre des inconnu(e)s, le fun sera toujours au rendez-vous.
Pas de tutoriel, pas d'XP, pas de grande quête ou de combinaisons de touches à mémoriser. Quelques réflexes, un peu de hasard, énormément de fun.
Le jeu vidéo, il en faut pour tous les goûts. Oui Fruit Ninja c'est casu à mort, mais on se fait encore des bonnes parties en famille une ou deux fois par an. Je ne peux pas dire la même chose de mes sauvegardes de Final Fantasy.